vendredi 4 juillet 2008



L'enfant demeurait seul,assis sur un banc de pierre,le regard fixe.

Les petites tetes qui s'agitaient non loin de lui ne se retournaient meme pas! Sans doute aurait-il aimé partager leurs jeux et rire de leur blagues,comme n'importe quel petit graçon de neuf ans,mais personne ne semblait vouloir lui accorder de l'attention.

Alors il s'asseyait toujours à la meme place,à l'écart de tous,y compris des professeurs qui restaient dans leur classe.

Parfois,une jeune femme blonde,sortant des batiments,s'approchait de lui! De son doux regard bleu,elle l'invitait à se méler aux bambins,mais lui secouait la tete timidement!

Non décidément il préférait rester sur son banc à contempler la cour.

Le feuillage d'un immense orme enveloppait sa frele constitution,aussi pouvait il observer à sa guise les autres gamins sans qu'on le soupçonne.

Tous sans exception était gras et bien batis,le crane serti de grosses boucles de la meme couleur que les blés des champs,les yeux ronds et clairs.

Cela le fascinait étrangement!

Lui était si petit,si noir. En le voyant certaines fillettes des cours voisines avaient pris peur et s'étaient mises à pleurer,puis ,on s'était habitué à lui.Le petit garçon au départ,ne comprit pas qu'il éatit la source de tels émois,puis il dut se rendre à l'évidence,c'était bien lui qu'on regardait avec effroi. Curieusement il n'en tira aucune peine,mais s'enferma davantage dans sa solitude.

Depuis que son parrain lui avait offert un régiment entier de magnifiques soldats,peints de ses propres mains,l'enfant reconnaissant ne cessait de les admirer,de les convoiter avidement,hésitant à les manipuler,comme s'il ne les possédait pas encore!

Il développa une réelle obsession autour de ces jouets!

Qu'ils paraissait forts ces petits hommes de plomb,comme il aurait voulu leur ressembler,si beaux,si fiers,drapés dans leur tenue militaire!

Et il se prit à réver de grandes choses...

Un jour alors qu'il s'asseyait comme à son habitude sur le banc blanc,prés de l'orme,il sortit avec excitation les figurines de son habit. Les soldats semblaient naitre de sa poche,un,puis un autre,toujours plus! C'est là que ses premiers combats commençérent!

De simples attaques,puis quelques timides provocations belliqueuses,que seul un enfant peut inventer. Enfin,les grandes batailles prirent place! Il était beaucoup question de politique à la maison,aussi trouvait-il aisément quoique sans les comprendre,mille raisons d'envoyer sa petite troupe au champs d'honneur.

Le garçonnet se plaisait à animer les bonhommes,il les commandait d'une insoupçonnable autorité,claquant séchement la langue,frappant du pied!

Il exaltait la violence,désirait les affronts les plus rudes,un jour meme il voulut du sang,beaucoup de sang.

Tant d'animosité,d'élan s'échappait de l'esprit de ce petit etre!

Il s'appliquait chaque jour à davantage de frénésie. Toute cette energie qu'il déployait pour échafauder de nouveaux plans et terribles conflits, l'emplissait d'une agréable chaleur,un sentiment ardent de fureur bienfaisante. Il se sentait puissant.

Sa garnison lui sembla bientot trop restreinte,il tailla dans des copeaux de bois de nouveaux avatars.

De courageux officiers,des chefs militaires à la moustache drue et orgueilleuse,son armée gonfla.

Il en était l'illustre meneur. Il avançait avec ses hommes,révant tel le grand Alexandre de ses livres d'Histoire,de fabuleuses victoires. Il voulait un vaste territoire,ou toutes ses conquetes,réunies,l'acclameraient.

Dans ce monde imaginaire,peuplé de créatures géantes aux cheveux d'or,il s'épanouissait,devenant grave et confiant.

Tous ces etres dociles,qu'il se représentait, amassés en foule ne seraient là que pour lui. Il ne serait plus seul,mais aimé de tous. Lui le "noiraud" le nain,que personne ne voyait,comme on l'idolatrerait.

Et,cet enfant,minuscule,l'esprit empli de projets grandioses,sombrait lentement,dans une folie douceatre,parfois cruelle,mais encore naive...

Oui il en était sur,un jour il ferait de trés grandes choses!

Midi sonna à l'horloge de Braunau. Le petit garçon vit sa mére au loin,qui lui fit un geste tendre de la main. Il se leva,et se hata de la rejoindre.

"Allons,viens mon petit Adolphe!"